Des pressions politiques aux difficultés financières, en passant par la désinformation dopée aux algorithmes, l’année 2024 a mis à rude épreuve les médias d’intérêt public. La Fondation Hirondelle a relevé ces défis en adaptant ses contenus, ses formats et ses méthodes pour maintenir sa pertinence et la confiance de ses publics.
2024 a été une nouvelle année difficile pour le journalisme. La liberté de la presse a été de plus en plus menacée – par des pressions juridiques, politiques ou physiques – notamment dans des régions touchées par des conflits ou une dérive autoritaire. Parallèlement, l’accessibilité croissante des outils d’intelligence artificielle a alimenté une désinformation massive, rendant plus difficile que jamais la distinction entre le vrai et le faux. Pour des médias indépendants comme les nôtres, ces défis se sont ajoutés à des contraintes de financement persistantes, exigeant une grande capacité d’adaptation et de résilience afin que les journalistes et partenaires de la Fondation Hirondelle puissent poursuivre leur mission : offrir des espaces de dialogue et garantir un journalisme fiable qui informe, inclut et renforce le pouvoir d’agir des citoyen.ne.s.
La lutte contre la désinformation est devenue centrale dans notre mission éditoriale. En 2024, nos équipes ont renforcé leurs formats d’éducation aux médias et de vérification des faits, non seulement pour démystifier les fausses informations, mais aussi pour aider les publics à comprendre les mécanismes de la désinformation. A Studio Hirondelle RDC, par exemple, un fact-check a démantelé une rumeur virale selon laquelle les vaccins contre la variole simienne (Mpox) auraient été créés par l’Occident pour exterminer la population congolaise – une affirmation largement partagée sur les réseaux sociaux, alimentant une méfiance généralisée envers des vaccins potentiellement salvateurs. En République centrafricaine, de fausses allégations selon lesquelles des hommes auraient soudainement vu leur pénis disparaître ont conduit à des violences contre des « suspects » et leurs familles. Radio Ndeke Luka a mené une enquête approfondie pour déconstruire ces rumeurs, incluant des explications sur les outils utilisés pour vérifier les photos prétendument incriminantes et des clarifications apportées par des professionnels de santé. Ces formats de fact-check en radio et en numérique vont au-delà de la simple rectification : ils expliquent le processus de vérification afin de développer l’esprit critique et la capacité des publics à détecter les manipulations.

Dans une année marquée par une polarisation croissante et un rétrécissement de l’espace pour un dialogue constructif, il est devenu plus crucial que jamais de créer des espaces pour des récits approfondis et nuancés. Un exemple fort a été le lancement de Perspectives, un nouveau format mensuel de mini-documentaires radio par Studio Kalangou au Niger. Cette émission met en lumière des phénomènes sociaux à travers des récits centrés sur l’humain : du témoignage bouleversant d’une jeune femme victime de cyberharcèlement aux rêves et obstacles d’une jeune étoile montante du football féminin.
Comprendre les besoins et les attentes de nos publics est essentiel pour produire un journalisme pertinent, digne de confiance et à fort impact. En 2024, la Fondation Hirondelle a réaffirmé ce principe. Par exemple, l’étude Reconnecting Audiences, menée avec des communautés locales en Ukraine, a permis de mieux cerner les perceptions du public sur les médias régionaux, et de comprendre comment la guerre accentuait les fractures sociales. Ces enseignements ont permis à nos médias partenaires d’ajuster leurs stratégies éditoriales : en intégrant davantage de voix citoyennes et en ancrant les contenus dans les réalités locales vécues, ils ont renforcé leur rôle essentiel de lien dans la société ukrainienne fragmentée.