Dans un monde où la démocratie est en recul où la mésinformation circule plus vite que les informations fiables, la mise en oeuvre du droit à l’information nécessite d’accroître l’assise financière des médias indépendants et l’éducation aux médias. La Fondation Hirondelle adapte ses opérations à cette nouvelle donne médiatique.
Les médias sont des acteurs essentiels des transformations sociales. Ils ont un rôle majeur à jouer dans l’exercice de la démocratie, dans les contextes de crises et bien évidement dans la transition écologique. Les publics attendent aujourd’hui un journalisme de solutions et le secteur des médias cherche bon gré mal gré à se réinventer. Or, la fatigue informationnelle, la crise de confiance des citoyen·ne·s en leurs institutions et en les médias en particulier, ainsi que les inégalités face aux nouvelles technologies, s’accentuent dans le monde.
Il est estimé qu’environ 70 % de la population mondiale vit sous un régime à tendance autocratique et, en cette année électorale record avec plus de la moitié de l’humanité appelée aux urnes, cette proportion pourrait être revue à la hausse. En 2023, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Département de la Défense des Etats-Unis) a relevé sur le continent 189 campagnes de désinformation documentées, soit presque quatre fois plus que l’année précédente. Ces campagnes soigneusement conçues ont déversé des millions de messages intentionnellement faux et trompeurs dans les espaces sociaux en ligne.
Une société réflexive repose sur une prémisse, celle du droit à l’information. Le droit à l’information doit être considéré comme un bien collectif, nécessaire à toute société saine et ne peut être monétisé en se basant sur le nombre de vues ou de clics. A l’ère du numérique régie par « l’économie de l’attention », le droit à l’information comprend non seulement le soutien aux médias indépendants, l’accès à des informations publiques, mais aussi une bonne hygiène informationnelle du public. L’éducation aux médias pour apprendre à démêler le vrai du faux est devenue une nécessité à l’échelle globale. C’est à ce nouvel environnement des médias que la Fondation Hirondelle adapte aujourd’hui l’ensemble de ses opérations.
Diversification des sources de financement
Dans les pays où nous intervenons, les défis les plus épineux du secteur des médias restent la viabilité financière, la volonté politique en faveur de la liberté et de l’indépendance des médias, et l’appropriation locale du développement des médias. La Fondation Hirondelle soutient depuis près de trois décennies des médias indépendants et de service au public et contribue à leur développement durable dans des contextes complexes. Nous créons ou soutenons des structures et activités génératrices de revenus qui contribuent à la pérennisation de ces médias.
ANALYSE DE LA SITUATION MÉDIATIQUE AU BÉNIN
La crise de confiance entre la population béninoise et ses médias est profonde et complexe. Sur mandat de la Coopération suisse au Bénin, la Fondation Hirondelle a mené en 2023 une analyse du paysage médiatique du pays. Selon cette analyse, les médias sont souvent perçus comme favorisant certains partis politiques ou intérêts économiques. Cette polarisation alimente la méfiance du public, qui pointe régulièrement le manque d’éthique et de rigueur de plusieurs journalistes. Les fausses nouvelles sont répandues, sapant davantage la confiance du public dans les médias traditionnels. Les médias publics ont la réputation d’être contrôlés par le gouvernement et les tentatives de censure et de répression des médias indépendants renforcent les perceptions de manipulation de l’information. Les médias sont également confrontés à des défis économiques majeurs, avec des ressources limitées et une précarité financière qui compromettent leur indépendance et leur capacité à mener un journalisme d’investigation et critique.
Les programmes de la Fondation Hirondelle de soutien et de renforcement en faveur des médias béninois ont débuté en 2024.
PROGRAMME D’APPUI DES MÉDIAS AU BURUNDI
Le programme d’appui aux médias burundais, mis en oeuvre en partenariat avec l’ONG Radio La Benevolencija et financé par l’Union européenne, s’est terminé en 2023. 10 médias et trois associations locales, dont l’Association Burundaise des Femmes Journalistes (AFJO), l’Association Burundaise des Radio-diffuseurs (ABR) et YAGA (un collectif de blogueurs), ont bénéficié de ce programme.
Les bilans et exercices de capitalisation d’expériences ont permis de vérifier les résultats obtenus, notamment en termes de renforcement des capacités des journalistes et professionnels des médias au Burundi à produire et diffuser des informations fiables, pluralistes, de manière professionnelle et inclusive.
FIN DU PROGRAMME HUMANITAIRE AU PAKISTAN
Afin de fournir des informations fiables dans le cadre de la réponse humanitaire due aux urgences liées aux inondations, la Fondation Hirondelle et Tribal News Network (TNN), son partenaire média au Pakistan, ont mené le projet « Media to support flood response and information to affected populations in Pakistan ». Ce programme de formation et de coaching ainsi que de production de contenus, soutenu par H2H Network a pris fin en avril 2023. Près de 70 journalistes tous types de médias confondus, principalement des correspondant·e·s des zones sinistrées, ont bénéficié des cycles de formation. Ces formations ont été assurées en trois langues : l’anglais, l’ourdou et le pashto.