Pilier stratégique de la Fondation Hirondelle, la politique de recherche permet à notre organisation de produire des analyses sur un monde des médias en mutation rapide, au Sud comme au Nord. Parmi nos résultats significatifs cette année, la publication d’un ouvrage relatif à l’impact de nos programmes radio sur l’autonomisation des femmes au Sahel, et un usage de l’IA pour accélérer la diffusion d’informations fiables.
Une bonne partie de l’année 2024 a été consacrée à l’élaboration de notre stratégie pour les quatre années suivantes. La recherche y est pleinement reconnue comme un des piliers stratégiques. L’objectif est de permettre à l’organisation de cultiver son expertise et sa capacité à générer des savoirs. Dans un monde en pleine mutation, l’ambition est de renforcer la capacité de la Fondation Hirondelle à être plus proactive et prescriptive dans ses apprentissages pour mieux faire le lien avec ses priorités. Parmi celles-ci, on compte par exemple la (re)construction de la confiance, de la cohésion sociale et de la citoyenneté et les conditions de la viabilité des médias en contextes fragiles ; l’interaction de ces défis avec d’autres défis globaux tels que le changement climatique, l’augmentation des inégalités, le rétrécissement de l’espace civique ; les nouvelles façons d’interagir avec l’information, les médias digitaux, de l’hybridité des environnements informationnels (hors-ligne/en ligne), le développement de l’intelligence artificielle et les besoins d’éducation aux médias.
Parmi les résultats qui jalonnent cette année 2024, on relèvera notamment la publication du livre du Dr. Emma Heywood intitulé ‘’Radio and Women’s Empowerment in Francophone West Africa” publié chez Palgrave Macmillan.
Cet ouvrage livre les fruits de nombreuses recherches menées avec la Fondation Hirondelle au Sahel depuis 2018.
Ces recherches ont comparé les points de vue d’audiences, de journalistes et d’expert.e.s avec des analyses détaillées du contenu des émissions produites par Studio Tamani au Mali, Studio Kalangou au Niger et Studio Yafa au Burkina Faso. Le rôle de ces radios est examiné sous l’angle d’un éventail de sujets : engagement politique des femmes, femmes et finances, vie conjugale, question des déplacé.e.s internes et des traumatismes…
Ces recherches montrent que nos studios ont défendu l’autonomisation des femmes en rendant leurs voix centrales dans les reportages radio, contribuant ainsi à la normalisation des questions relatives aux femmes.
Toutefois, les médias peuvent également consolider le statu quo et les discriminations sexistes en ne questionnant pas certains stéréotypes, ou simplement en continuant à accorder beaucoup plus de temps d’antenne aux hommes, renforçant ainsi l’acceptation d’une domination masculine qui se perpétue. L’autrice souligne que beaucoup reste à faire en termes de recherches pour mieux comprendre le rôle des médias dans la promotion des droits des femmes, en fonction des contenus diffusés, des formats et plateformes utilisés, des personnes impliquées en tant que producteur.rice.s, rédacteur.rice.s, présentateur.rice.s ou invité.e.s. Elle conclut qu’à l’heure où les acteurs médiatiques des trois pays repensent leur profession face à la détérioration de la situation sécuritaire et aux défis socio-économiques, l’évolution du rôle des femmes dans ces contextes dominés par les hommes ne peut être sous-estimée.
HACKATHON DE L’EPFL : L’IA AU SERVICE DE LA DIFFUSION D’INFORMATIONS FIABLES
En partenariat avec Hestia.ai, société suisse spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA), nous avons remporté le prix de l’idée la plus innovante au premier PeaceTech Hackathon organisé par l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne). Nous sommes partis du constat que la propagation de rumeurs est rapide, peu coûteuse et peut avoir des conséquences mortelles, en particulier sur les populations confrontées à une crise. Le défi était donc d’utiliser l’IA pour amplifier la diffusion sur les réseaux sociaux d’informations fiables et vérifiées, produites par des journalistes locaux et professionnels. En moins de 30 heures, une équipe pluridisciplinaire d’étudiant.e.s a relevé ce défi complexe proposé par la Fondation Hirondelle et a réussi à développer un prototype fonctionnel de chaîne d’agents d’intelligence artificielle permettant de : 1) récupérer des podcasts produits par les médias de la Fondation Hirondelle ; 2) les transcrire en texte ; 3) les résumer ; 4) en tirer des listes de points clefs ; 5) identifier les questions auxquelles ces contenus apportent des réponses ; et 6) combiner ces éléments pour produire des posts à publier sur les réseaux sociaux. Ces derniers passant par l’inévitable validation par l’intelligence humaine de journalistes avant qu’ils ne soient effectivement postés.
La Fondation Hirondelle va continuer à explorer les façons d’intégrer au mieux l’évolution rapide de ces technologies pour équiper les journalistes qu’elle soutient. L’enjeu est notamment de faire face à l’amplification de la désinformation propulsée par l’intelligence artificielle, ce qui a été désigné par le World Economic Forum en 2024 comme le principal risque global à court terme pour le développement humain.